Aujourd’hui, avec la contribution de Fiat, Chrysler est un des trois grands groupes automobiles aux Etats-Unis aux côtés de Ford et General Motors. Bien que Chrysler en lui-même ne soit pas reconnu comme un important constructeur de voitures avec des ventes plafonnant à 127 000 exemplaires en 2019 – comparé à presque un million dans le cas de Jeep – il est tout de même considéré comme un géant automobile grâce à ses réussites du passé. En effet, on pourrait comparer Chrysler à un vieil homme qui aurait travaillé toute sa vie et profiterait maintenant de sa retraite.
Naissance de Chrysler
Walter Chrysler était connu, au début des années 1920, pour son aptitude à faire d’une marque faible un véritable géant automobile. Sous son contrôle, Buick est devenu la première marque du groupe General Motors en 1916.
Son talent pour réduire les coûts lui permit de transformer toutes les marques pour lesquelles il a oeuvrer. Après Buick, se fut au tour de Willys-Overland Company de profiter de la touche magique de Chrysler qui, en moins d’un an, a aidé le producteur de véhicules militaires légers à retrouver sa compétitivité après une chute des ventes post-guerre.
Il a travaillé ensuite à la tête de la Maxwell Motor Company qui, elle aussi, souffrait, au début des années 1920, d’un manque à la fois d’investissement et de clientèle dans une industrie très compétitive. Malgré d’énormes dettes, Chrysler utilisa ses connaissances mécaniques pour le premier projet de la marque, la B-70 de 1924. Cette nouvelle voiture fit l’admiration des critiques pour la simple raison que le moteur était une œuvre d’art novatrice.
Ce six-cylindres, initialement nommé le “Chrysler 6”, comprenait des systèmes de filtration d’air et d’huile, une compression élevée et des supports moteur en caoutchouc destinés à réduire les vibrations. Ces avancées étaient toutes des technologies rares à l’époque et d’autant plus sur une voiture au petit prix comme la B-70.
Après le succès de ce premier véhicule, la Maxwell Motor Company fut réorganisée afin de nommer Walter Chrysler comme investisseur principal de la marque. Le résultat fut le remplacement du nom Maxwell par Chrysler qui devint à partir de 1925 le nom officiel de la marque.
De la marque Chrysler au groupe Chrysler
Après la réussite incroyable de la Chrysler B-70, la marque commença rapidement à élargir sa gamme de modèles. En 1928, elle opéra une différenciation des catégories avec la création de deux nouvelles entités utilisées comme des sous-marques.
La première, Plymouth, occupa la place au premier rang de l’échelle Chrysler. Ses voitures étaient alimentées par des moteurs quatre cylindres et ne présentaient pas le même niveau de luxe que les modèles portant le logo Chrysler qui se trouvaient à la tête du groupe.
De Soto, également introduit en 1928, se plaçait entre Plymouth et Chrysler. Sa création avait pour but de rivaliser avec les marques comme Oldsmobile, Hudson et l’ancienne marque de Walter Chrysler, Buick. Avec un mélange de modèles à quatre et six cylindres, elle avait un spectre de clientèle très large lui permettant de vendre plus de 80 000 exemplaires dans sa première année de production.
Enfin, Dodge Brs fut acheté par Chrysler en 1928 et ajouté au groupe. Etant déjà fermement implanté dans l’industrie automobile américaine à l’époque, ce constructeur, connu à l’heure actuelle pour ses muscle cars, avait le droit de continuer la production de ses modèles existants. Cependant, les Dodge d’après 1929 ont eu accès aux innovations technologiques de Chrysler ce qui aida la marque à rester populaire.
Chrysler à la tête de l’esthétique automobile
Au moment des années 1930, l’industrie automobile, et notamment l’esthétique automobile sont entrées dans une période de transformation radicale. Jusqu’à présent, la plupart des modèles de production de masse avaient la même forme très carrée, angulaire et à l’aspect lourd. Mais avec les progrès en aérodynamique provenant du domaine aérospatial, les voitures commencèrent à adopter un style plus en courbes.
A la tête de cette nouveauté automobile, Chrysler fut la première marque à construire une soufflerie dédiée à la création de voitures. Le résultat de cet importante dépense d’argent donna la tendance nommée “Airflow” adoptée seulement par la marque à la tête du groupe Chrysler. Malheureusement, la combinaison de la Grande Dépression et de la transformation totale du design des modèles Chrysler a entraîné une chute des ventes de la marque.
Pendant les années 1930 et 1940, le groupe fut sauvé par Plymouth, une des seules marques à avoir connu une hausse du chiffre des ventes durant cette période difficile au niveau de l’économie mondiale.
Au fil du temps, la population américaine est devenue de plus en plus ouverte à l’idée du changement et, en 1955, Virgil Exner a dévoilé ce qu’il pensait être le futur du design esthétique, un style qu’il nomma Forward Look. Alors que le style Airflow avait été totalement rejeté par les clients de Chrysler, le style Forward Look fut très apprécié. Il fut initialement adopté sur les voitures dites “Imperial”, c’est à dire les voitures haut-de-gamme de Chrysler. Ainsi, lorsque le nouveau style esthétique fut adopté sur toutes les autres voitures du groupe Chrysler, les clients moins fortunés avaient la sensation d’appartenir à une classe sociale plus élevée. Il y eu alors un boom des ventes du groupe Chrysler dans les années 1950.
La participation de Chrysler dans les essais militaires américains
Au cours du siècle dernier, quelques évènements majeurs ont contraint le gouvernement américain à demander, ou parfois obliger, les entreprises capables de production à collaborer pour le bien du pays. Il est bien connu qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, les usines de toute la planète étaient utilisées pour la production de matériels militaires.
Dans le cas de Chrysler, l’usine de Lynch Road à Detroit fut reconvertie en un lieu d’étude sur la diffusion gazeuse dans le cadre du Projet Manhattan. En effet, l’enrichissement isotopique de l’uranium, réalisé au sein de l’usine Chrysler, a contribué à augmenter la puissance des bombes atomiques lancées sur Nagasaki et Hiroshima respectivement les 9 et 6 août 1945.
La participation de Chrysler dans les essais militaires du gouvernement n’ont pas cessé avec la création de l’arme la plus dangereuse de l’histoire. Après la guerre, l’armée américaine a lancé un projet, se focalisant sur la création de missiles guidées, pour lequel participa la marque de Detroit.
Enfin, d’un point de vue plus inoffensif, à propos de la collaboration entre Chrysler et les forces militaires américaines, les années 1960 ont vu la marque participer à la construction de propulseurs de fusées. En effet, ce fut la décennie de la course à l’espace et des missions Apollo. Avec l’expérience acquise dans le domaine de la propulsion, suite à son travail avec les missiles, Chrysler a construit les propulseurs de première génération “Saturn” ainsi que les réservoirs d’oxygène liquide.
Le ralentissement de Chrysler dès les années 1960
Après le lancement du design Forward Look de Virgil Exner, les projets avec l’armée et la NASA ont mobilisé beaucoup de ressources chez Chrysler. Ainsi, dès le début des années 1960, nous avons vu, de plus en plus, la marque se contenter de la réussite de ses sous-marques.
La dernière véritable contribution de Chrysler elle-même au monde automobile fut la Valiant. C’était une voiture compacte vendue sous une autre marque, à nouveau, et qui a introduit une nouvelle conception de circuit électrique. Avant cette sortie en 1961, les voitures généraient l’électricité faisant fonctionner les phares et les conforts intérieurs grâce à une sorte de générateur. Avec la Valiant, Chrysler introduit l’alternateur qui génère son électricité à partir d’un courant alternatif provenant de la rotation du moteur. Cette solution s’est montrée beaucoup plus efficace, expliquant pourquoi elle est toujours utilisée aujourd’hui.
Ayant passé autant de temps à travailler sur des projets expérimentaux, Chrysler est visiblement devenu obsédé par l’innovation jusqu’à un point de non-retour. La fin des années 1960 et le début des années 1970 ont vu la marque travailler sans relâche sur l’idée des voitures à turbines. Une fois ce projet arrivé à son terme, les Etats Unis ont été plongés dans une période difficile pour l’industrie automobile à cause d’une hausse du prix du pétrole et des nouvelles lois sur la pollution des voitures.
Les véhicules haut de gamme comme celles de Chrysler n’avaient alors plus leur place sur le marché américain. Chrysler est alors devenue une marque à faible production. Jusqu’à aujourd’hui, cette énorme entité automobile continue d’avancer grâce aux ventes de ses sous-marques dont notamment Dodge et Jeep ainsi qu’à l’investissement d’autres géants automobiles comme Daimler au début du 21ème siècle et Fiat depuis 2014.
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