Aston Martin : Un mythe culturel

Aston Martin, ou Aston Martin Lagonda comme elle est nommée aujourd’hui, est une célèbre marque britannique qui s’est développée du fait de sa présence dans différents secteurs. Elle a gagné en notoriété au début de sa vie grâce à la performance sur circuit de ses très belles voitures de course. Elle est aussi devenue un nom synonyme de luxe à travers ses apparitions au cinéma. Et elle nous a séduit avec des modèles magnifiques.

Malgré la passion associée à la marque, elle a fait faillite sept fois au cours de son histoire mais a toujours su relever les défis.

La fondation d’Aston Martin

Avant la mise en place de la marque, les deux fondateurs d’Aston Martin, Lionel Martin et Robert Bamford, se sont associés en 1912 pour vendre des voitures Singer produites par un concessionnaire londonien. Après une année de ventes couronnée de succès, les deux associés ont décidé de créer leur propre entreprise qui fut nommée Aston Martin. Son nom est l’union entre le nom de famille de Lionel Martin et le nom d’une route sur laquelle la marque faisait courir ses premiers modèles, Aston Hillclimb.

Le rêve des deux hommes était de construire des voitures de haute qualité qui inscrirait  un sourire sur le visage de chaque conducteur d’une Aston Martin. 

Le premier modèle, issu de la marque située en Herfordshire en Angleterre, la Coal Scuttle de 1914, se conforma exactement à cette demande. De manière assez simple, elle utilisait un châssis d’Isotta Fraschini alimenté par un quatre cylindres Simplex développant 11 chevaux. Elle fut conçue comme voiture de compétition avec l’objectif de faire concurrence aux Bugatti qui dominaient le sport automobile à l’époque.

La période de guerre pour Aston Martin

Alors qu’Aston Martin s’apprêtait à débuter la production de sa première voiture de série en 1915, celle-ci fut abandonnée à cause de la Première Guerre mondiale. Les deux hommes à l’initiative du projet sont partis au front en tant qu’officier de la Marine pour Martin et dans l’armée pour Bamford.

L’entreprise fut mise à l’arrêt pendant les 5 cinq années qui suivirent et jusqu’au retour des deux fondateurs en 1920. C’est à ce moment que Robert Bamford quitta la société, laissant Martin seul pour la gestion d’Aston Martin. Avec moins de ressources, suite à cette séparation, Lionel Martin est alors parti à la recherche de fonds et a rencontré le comte Louis Zborowski qui a investit dans l’entreprise dans le but de pouvoir piloter les voitures Aston Martin.

Un production de type sportif débuta alors avec la création de trois modèles prévus pour participer au Grand Prix de France en 1922. 

Après quatre ans et la vente de 55 modèles de route, l’entreprise fit faillite pour la première fois nécessitant l’apport de capitaux. En échange de l’injection de fonds par la famille Charnwood, ce qui sauva la marque, John Benson fut nommé dans le conseil d’administration. Benson permit ainsi, à la famille Charnwood et à un groupe d’investisseurs, de prendre le contrôle de la marque en 1925.  Celle-ci s’appela désormais « Aston Martin Motors ».

Parmi le groupe d’investisseurs se trouvaient Bill Renwick et Augustus Bertelli, des constructeurs de moteurs envisageant d’utiliser Aston Martin pour vendre leur nouveau format de moteur. Entre 1926 et 1937, de nombreuses voitures sont sorties de l’usine Whitehead telles que la Ulster, une fameuse voiture de course. 

L’arrivée de David Brown chez Aston Martin

Juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Aston Martin eu de nouveau des difficultés financières qui furent oubliés pendant l’interruption de production due à la Guerre. A l’issue de cette période 1939-1945, la marque avait de tels problèmes qu’une nouvelle source d’argent était nécessaire et fut trouvée grâce à David Brown, un constructeur de machines agricoles qui donna ainsi son nom à une longue lignée de modèles Aston Martin. L’homme d’affaires finalisa la transaction en 1947.

En même temps qu’il prenait le contrôle d’Aston Martin, il acheta aussi Lagonda, l’organisation gérant la marque Bentley. En effet, pour les premiers modèles Aston Martin, il utilisa le moteur six cylindres 2,6 litres conçu par W.O. Bentley.

L’obsession des 24 Heures du Mans chez Aston Martin

La première voiture Aston Martin à utiliser ce moteur fut la DB2. Il s’agissait de la mise en production d’un prototype ayant servi pour le développement d’une voiture de course destinée à participer aux 24 heures du Mans. En tout, 411 exemplaires de la DB2 furent vendus entre 1950 et 1953. Elle était disponible en version coupé (Fixed Head Coupé) ou roadster (Drop Head Coupé). Le six cylindres 2,5 litres de Bentley développaient 125 chevaux sous le capot de la DB2.

Alors que des versions ultérieures de la DB2 ont couru avec succès aux 24 Heures du Mans en 1949, celle-ci n’avait aucune chance de gagner la course. Donc, un modèle, conçu avec l’objectif d’une victoire totale à la grande course, fut mis à l’étude. Le résultat du projet fut la DB3S qui a participé aux Mans en 1952. Cette voiture gagna trois fois de suite dans sa catégorie, de 1953 à 1955 et grâce, également, à une hausse de puissance en 1954.

Au cours de leur période en compétition, qui a duré jusqu’en 1956, les 11 exemplaires de l’Aston Martin DB3S, pilotés par l’écurie officielle, ont remporté plus de 20 victoires en sport automobile. 

L’élégance d’Aston Martin débute

Alors qu’Aston Martin construisait, jusqu’alors, des voitures monstrueuses pour la compétition sur circuit, ses modèles de série ne pouvaient pas être plus éloignés de ce principe. La DB2 a évolué en une GT confortable plébiscitée  par les membres des classes favorisées qui utilisaient la voiture pour leurs voyages à travers l’Europe.

Progressivement, la DB2 a été remplacée par la DB4 en 1958. Cette nouvelle voiture avait une belle carrosserie conçue par Carrozzeria Touring sur un châssis tubulaire que les italiens appellent Superleggera (super légère). La DB4 utilisait aussi pour la première fois, depuis plus de 10 ans, un nouveau moteur de 3,7 litres créé par Tadek Marek. Il s’agissait toujours d’un six cylindres développant 240 chevaux.

Sur le principe d’une voiture confortable capable de traverser des continents entiers à grande vitesse, la DB4 utilisait bon nombre de techniques généralement réservées aux voitures de sport de l’époque. Cela incluait les freins à disques et une suspension indépendante. C’est avec la DB4 qu’apparait le célèbre nom “Vantage”. Il s’agissait d’une version re-stylée et plus performante de la DB4 se situant entre le modèle de base et la DB4 GT.

La GT est une voiture dédiée à la course, installée sur le châssis léger de la DB4. Elle fut introduite en 1959 et se différencie principalement de la voiture de base grâce à un pare-chocs avant plus aérodynamique. Son moteur est aussi poussé à 302 chevaux grâce à l’augmentation de sa capacité jusqu’à 3,8 litres.

Aston Martin DB4 GT Zagato

Issue de l’Aston Martin DB4, il existe aussi une voiture extrêmement rare, la GT Zagato. Sa carrosserie sculptée par le carrossier Zagato poursuit les efforts de réduction de trainée aérodynamique de la DB4 GT avec une forme très courbée. Sa forme, ainsi qu’un moteur encore plus puissant ont aidé à donner à la Zagato une vitesse de pointe de 247km/h. 

Il fallut attendre deux ans pour voir la première victoire d’une Zagato au moment où la célèbre voiture immatriculée 2 VEV, doubla une Jaguar Type E au dernier tour d’une course durant le weekend du Grand Prix d’Angleterre de 1952. 

Aston Martin devient une légende

Au milieu des années 1960, Aston Martin continua de nommer ses voitures en utilisant les initiales de David Brown comme par exemple lorsqu’il présenta la DB5. Cette nouvelle voiture ressemble beaucoup à la DB4 GT avec une forme longue et élégante mais son moteur est passé à 4 litres tout en développant 282 chevaux. 

Même si la DB5 est une voiture digne de la passion qui l’entoure, elle est surtout très aimée pour être apparue dans la série cinématographique des James Bond. Sa première apparition se fit dans “Goldfinger”, le troisième film mettant en scène les aventures de l’agent 007 et sorti en 1964 avec Sean Connery dans le rôle principal. 

Dans le film, la voiture était équipée de différents gadgets aidant Bond à échapper aux partisans d’Auric Goldfinger. Ces modifications incluaient des mitrailleuses cachées dans le pare-chocs avant, un siège éjectable et un écran pare-balles pour protéger la cabine.

Une période d’incertitude pour Aston Martin

Malgré l’installation de la marque dans la culture populaire, Aston Martin a toujours eu des problèmes de ressources financières. David Brown fut donc obligé, en 1972, de vendre l’entreprise à un consortium dirigé par William Willson qui ne resta que 3 ans à la tête de la marque. La marque changea de propriétaires deux nouvelles fois entre 1975 et 1981 pour finir sous le contrôle de Victor Gauntlett, un personnage majeur dans le domaine de l’industrie pétrolière.

Après la vente de l’entreprise par David Brown en 1972, les voitures sortant de l’usine ne portaient plus ses initiales mettant ainsi fin à cette tradition. Nous savons maintenant que ce ne fut qu’une fin temporaire car sous la direction de Ford, pendant les années 1990, cette appellation reprit sa place dans la gamme. Cependant, durant les 15 ans où les voitures Aston Martin portèrent des noms tels que AMV8, Lagonda, Vantage et Virage, l’image de la marque en souffrit.

Alors que nous voyons aujourd’hui les Aston Martin des années 1950 et 1960 comme des chef d’œuvres automobiles, celles vendues entre 1970 et 1990 sont presque oubliées. Non seulement parce qu’elles ne portent pas les noms de leurs prédécesseurs, mais aussi parce qu’elles sont loin d’avoir la même esthétique que les autres modèles qui sont suivis par les passionnés.

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