La Ford GT40: Une histoire de rivalité

Voiture américaine de course

Alors que les Etats-Unis et la Russie – URSS à l’époque – étaient en compétition pour atteindre la Lune durant les années 1960, un autre défit impitoyable se déroulait sur Terre. Ford, à la fin de la décennie, s’est lancé dans la course des 24 Heures du Mans avec pour seul objectif de battre Ferrari. Cette rivalité implacable finira par engendrer la GT40. 

La GT40 est aujourd’hui un modèle légendaire dans l’histoire du sport automobile, modèle qui, depuis cette époque magique de l’endurance, a donné son nom à une série de modèles tout aussi impressionnants. 

Pour Ford, une motivation particulière pour les 24 Heures du Mans

24 heures du Mans

Certaines marques ou écuries font le pèlerinage annuel sur le circuit de la Sarthe dans le seul but d’aller tout simplement au bout de cette course intense. D’autres, plus confiants, ont pour objectif de remporter un trophée avec une victoire dans une des catégories. Il est très rare en revanche de cibler une équipe rivale en particulier, mais les américains, chez Ford, sont bien les seuls à l’avoir fait.

Suite à un sérieux désaccord entre Enzo Ferrari et Henry Ford II, la marque américaine a eu, dès lors, un seul et unique objectif: battre les italiens sur leur terrain de jeu préféré: les 24 Heures du Mans. 

Au début des années 1960, la marque italienne souffrait d’un manque d’investissement et d’une trop faible clientèle pour la soutenir financièrement. Enzo, qui cherchait en priorité à poursuivre ses expériences dans le sport mécanique, décida de proposer la vente de sa marque automobile à Ford. Les américains, intéressés par la possibilité d’avoir accès au statut légendaire du cheval cabré, ont alors fait une offre à Enzo et l’ont invité à signer un contrat en Mai 1963. En le lisant, le grand patron de Ferrari remarqua qu’en plus de la marque automobile, Ford s’apprêtait  à prendre le contrôle de l’écurie de course. Bien évidemment, l’ajout de cette clause du contrat était inacceptable pour Enzo qui a immédiatement mis fin à la réunion et est rentré chez lui, laissant Henry Ford humilié et bien décidé à se venger. C’est à ce moment que Ford a juré de faire le plus de mal possible à Enzo Ferrari, en battant ses voitures là où elles dominaient, c’est à dire aux 24 Heures du Mans. 

Alors même que la voiture issue de cette histoire est un modèle absolument fantastique, c’est cette histoire, connue par tout amateur de sport automobile, qui l’a rendu inoubliable. La légende glorifiant le modèle fut parfaitement exposée dans le film « Le Mans 66 » sorti en Septembre 2019. Ce film parle surtout de la création du modèle selon le point de vue du pilote britannique Ken Miles, joué par Christian Bale, pilote qui fut particulièrement impliqué dans le développement de la GT40.

Le développement de la Ford GT40

Moteur Ford GT40

Malgré le succès de la voiture que nous connaissons aujourd’hui, son développement a été un long processus semé d’échecs et de doutes. A l’époque, Ford était plutôt absent dans le domaine du sport automobile. C’était une marque renommée pour ses modèles de production destinés à séduire le marché américain mais aucun de ses modèles n’était produit, jusque là, dans le but de concourir sur un circuit de vitesse. Ce manque d’expérience et d’expertise a généré, pendant le développement du projet, beaucoup d’improvisation et d’énormes pertes d’argent. 

A la tête du développement il y avait l’ingénieur britannique Roy Lunn qui possédait une certaine expérience en sport automobile suite à sa participation à la grande course du Mans en 1949 avec Aston Martin. Une aventure qui pris fin, pour l’écurie, après seulement une heure de course. Lunn était alors décidé à reconquérir son honneur. 

Dès le début du projet, Lunn et ses collègues avaient pour objectif de créer une voiture sportive à deux places avec un moteur V8 placé au centre du véhicule. Ford pouvait ainsi faire d’une pierre deux coups car le modèle de production devait alors rivaliser avec la Chevrolet Corvette. En tout cas, c’est ce que pensaient les directeurs de Ford. D’après certaines versions de l’histoire, il fallut seulement cinq minutes pour que les administrateurs de la marque valident les projets de l’équipe de Lunn lors d’une simple réunion. 

Pour commencer à construire un prototype, Roy Lunn s’est tourné vers Lola qui utilisait un moteur V8 Ford pour sa voiture de course nommée la Mk 6. Cette voiture a donc servi comme base pour créer le premier prototype de la Ford GT40 à même de réaliser de nombreux essais. Construit avec une carrosserie en acier et une géométrie de suspension imparfaite, le modèle était très lourd et difficile à conduire lorsque Bruce McLaren l’a testé en Août 1963. Le pilote néo-zélandais continua de tester les différentes évolutions du prototype jusqu’au deuxième semestre de 1964, moment où la voiture fut dévoilée au grand public lors du salon de l’automobile de New York. 

Avec, à la tête de la nouvelle équipe de course Ford, l’ingénieur John Wyer, qui avait précédemment dirigé l’écurie Aston Martin durant de nombreuses années, la Ford GT était alors prête à attaquer le circuit. 

Une première année de compétition décevante pour la Ford GT40

La saison de 1964 débuta avec une série d’essais sur le tracé de la Sarthe qui, grâce à la longue ligne droite de Mulsanne, révéla un problème majeur dans l’aérodynamique de la voiture. Alors que la vitesse de pointe théorique était impressionnante, puisqu’elle dépassait les 300km/h, la voiture avait une tendance à se soulever dès qu’elle atteignait  275 km/h. Il fut alors impossible de contrôler la GT40 sur les circuits à vitesses élevées. Suite à l’ajout d’un aileron à l’arrière de la voiture, ce qui eu pour effet de réduire légèrement la vitesse de pointe, Ford confirma que sa voiture participerait à certaines courses de la saison 1964 du World Sportscar Championship.

La voiture se lança dans sa première course, les 1000km du Nurburgring sur le mythique Nordschleife. Comme c’est souvent le cas pour les nouvelles voitures de course, même de nos jours, cette première compétition fut très décevante pour Lunn, Wyer et son équipe. Les défauts dans la construction de la suspension n’ayant pas été réglés depuis les débuts du projet, il fut mit fin à la course du seul modèle en compétition après seulement 15 tours.

Ford GT40

Les abandons successifs ont marqué cette première saison compétitive de la Ford GT40. La deuxième course pour la voiture fut celle que Ford voulait absolument gagner, mais cette fois-ci ce fut la transmission qui ne put supporter les vitesses vertigineuses de la ligne droite de Mulsanne. Le trio de GT dût alors abandonner avant la fin des 12 premières heures. Lorsqu’aucune Ford GT40 ne put terminer une course de 250 miles à Nassau, sous la pluie et sur un tracé des Bahamas, la direction du projet fut transférée à Carroll Shelby qui avait récemment signé un accord en vue de créer les premières Mustang GT350. 

Comme par magie, l’attitude plus flamboyante de Shelby a permit à la Ford GT40 de, non seulement supprimer ses problèmes de fiabilité, mais également de gagner en performance. Sous la nouvelle direction, la voiture abandonna son tout petit moteur 4,2 litres et gagna un moteur de taille plus conforme au marché américain, de 7 litres. La transmission peu fiable fut remplacée par un modèle ZF connu pour être robuste et Shelby rassura ainsi les pilotes de la GT car, comme le dit l’histoire, il n’aimait pas que les pilotes se plaignent du comportement d’une voiture de compétition. 

Dès sa première course en 1965, lors des 24 Heures de Daytona, la Ford GT40 remporta sa première victoire avec Ken Miles et Lloyd Ruby au volant. Cependant, la marque américaine avait encore beaucoup de progrès à faire. Le reste de la saison fut, une fois de plus, marqué par une longue liste d’abandons de course. 

Véritable Ford GT40

Tout change en 1966 pour la Ford GT40

Pour l’année 1966, la Ford GT40 Mk II fut dotée d’un moteur plus puissant et d’une carrosserie plus aérodynamique. Les modifications ont offert, non seulement une victoire aux 24 Heures de Daytona, mais permirent à la GT40 d’occuper toutes les marches du podium. Une réussite qui se reproduira plus tôt que prévu pour la marque. 

GT40 MKII

En effet, lorsqu’une soixantaine de voitures de course se sont présentées sur le circuit du Mans en Juin 1966, Ford a dominé la course du début à la fin. Sur la grille de départ, les Ford GT40 ont occupé les quatre premières places et six ont commencé dans le top-10. Arrivés à la fin de la course, les deux modèles conçus par Shelby American Inc ont été accompagnés par la voiture de l’équipe Holman & Moody pour offrir de nouveau à Ford les trois marches du podium. 

Après cette victoire écrasante, Ford a continué à dominer la grande course d’endurance, remportant la victoire en 1967, 1968 et 1969. 

Les modèles portant le nom de Ford GT

Devenue une voiture mythique, connue par tous les passionnés d’automobile, le nom Ford GT accordera toujours la célébrité aux modèles qui le portent. Depuis la fin du développement de la Ford GT40 des années 1960, deux autres modèles ont reçu l’appellation Ford GT. 

Le premier est sorti en 2005 et était un modèle dit “hommage” à la GT40 d’origine. Avec un design très similaire à la GT40, cette première Ford GT de production fut construite pour célébrer les cent ans de la marque. Son V8 suralimenté de 5,4 litres produisait 550 chevaux poussant la voiture à plus de 330km/h. En total, 4038 exemplaires de cette première Ford GT ont été produits et la marque l’utilisa comme base pour construire des modèles de compétition en GT1 et GT2 pouvant courir notamment aux 24 Heures du Mans.

Ford GT

A l’opposé, la seconde génération de la Ford GT, qui sortit en 2017, fut produite dans le seul but d’homologuer la voiture de course GTE. Désireux de réitérer son succès des années 1960, Ford a construit une voiture capable de gagner la course d’endurance en 2016. Le modèle de production peut alors être considéré comme une version routière de la voiture de course, un processus similaire à celui de la GT40 de l’époque.

Annonces de voitures américaines

MENU
Good Timers - Automobiles Classiques